Hommage à Rock Hudson qui aurait eu 100 ans le 17 novembre 2025. Et quel plus bel hommage que ce film splendide, l'un des 7 qu'il a tourné avec Douglas Sirk.
Douglas Sirk est le cinéaste qui a le mieux prouvé à quel point la distance pouvait être mince entre le kitsch le plus ringard et l'art le plus sérieux. All that Heaven Allows - Tout ce que le ciel permet (1955) en est un formidable exemple. L'intrigue (une veuve plus toute jeune et plutôt aisée veut épouser un jardinier encore jeune et plutôt pauvre, contre l'avis de son milieu social et de ses enfants) est digne d'un roman de gare. Le scénario accumule les thèmes les plus mélos (le sacrifice, l'expiation, la réversibilité des fautes), le couple vedette semble hautement improbable (Jane Wyman, un peu mémère, et Rock Hudson, gay comme un pinson) et, pourtant, le film, intimiste et délicat, bouleverse à chaque nouvelle vision. C'est une alchimie étonnante, le secret magnifique de Douglas Sirk, qu'il a transmis à deux brillants disciples, le fiévreux Rainer Werner Fassbinder et le sophistiqué Todd Haynes. Le premier réalisera un vibrant remake avec Tous les autres s'appellent Ali et Todd Haynes donnera à Julianne Moore un de ses plus beaux rôles dans Far from Heaven.
La séance sera introduite par Muriel Andrin, professeure en écriture et analyse cinématographiques à l'ULB.