Du 12 au 21 novembre vibrez au rythme de la 14 ème édition du Pink Screens, le festival du Film Queer de Bruxelles qui célèbre les sexualités et les genres différents à travers plus de 80 films.
Evadez-vous en Lituanie pour une échappée poétique et féérique dans The Summer of Sangailé d’Alanté Kavaïté ou risquez-vous dans une forêt où tous les fantasmes prennent vie dans Amor Eterno de Jacques Accordé. Bouleversez les représentations normées et les cases établies avec notamment, Jan Soldat et sa série de courts métrages autour de la construction de la masculinité et du rapport domination-soumission. Re-découvrez des figures comme Christine Delphy avec Je ne suis pas féminisme mais… de Sylvie Tissot ou R.W. Fassbinder avec Lieben ohne zu Fordern de Christian Braad Thomsen qui dresse un portrait intime et éclairant du cinéaste qui aujourd’hui encore fait controverse.
Le Pink Screens c’est aussi dix jours d’expo, de gueulantes, de performances et de rencontres pour prendre d’assaut et déconstruire les binarités. Que ce soit avant ou après une séance, et jusqu’aux petites heures les jeudis soir, le festival c’est évidemment 10 jours de festivités et souvent de folies au son de la nouvelle scène queer, le tout se clôturant en apothéose avec l’incontournable Pink Night.
Bienvenue aux curieus-e-s et audacieux/ses ! Welcome Pinkscreeners !
Cette édition sera l’occasion d’un voyage en terres helléniques où nous partirons à la rencontre d’un archéologue grec et d’un immigré égyptien qui, au coeur de 7 Kinds of Wrath de Christos Voupouras, s’unissent dans le trouble de leur vécu personnel. Au fil d’une série de courts métrages, nous circulerons d’une réalité à l’autre : du ressenti d’un adolescent fasciné par son bourreau dans Prosefhi : Greek School Prayer de Thanasis Neofotistos à la sensibilité d’un gardien de zoo dévasté par le départ du gorille dont il avait la charge dans King Kong de Nikolaos Kyritsis. Dans Queen Antigone de Telemachos Alexiou, le mythe et la réalité se confondent, soulignant avec lucidité la tragédie actuelle du pays. Le film est une fascinante relecture contemporaine et queer du texte de Sophocle mettant en scène une jeune femme qui fait face à la crise et se projette dans la peau de la fille d’Oedipe.
Les frontières que nous aimerions voir, sinon disparaître, s’ouvrir un peu plus provoquent une tragédie sans nom en ce début du XXIème siècle tant elles semblent de plus en plus se refermer sur les égoïsmes nationaux si pas nationalistes de chaque état. Dans Oriented de Jake Witzenfeld, nous suivons trois amis palestiniens, de nationalité israélienne, en butte aux clivages de plus en plus violents de la société et de l’état d’Israël. Deux films nous confronteront également aux difficultés et aux vexations subies par des jeunes gens désirant vivre dans un pays dans lequel ils ne sont pas nés notamment avec A escondidas de Mikel Rueda qui suit le parcours de Ibrahim, un jeune marocain, dans une Espagne peu accueillante où seul le jeune Rafa, lui-même en rupture, se prend d’affection pour lui. 7 Kinds of Wrath dessinera quant à lui les difficultés que l’on rencontre à s’intégrer lorsque la méfiance prévaut.
Nous nous définissons à travers l’autre mais serions-nous les mêmes si nous avions empruntés d’autres chemins ? C’est la question soulevée par Marco Berger dans Mariposa où le simple battement d’aile d’un papillon pourrait provoquer chez quelqu’un deux destinées différentes. Croisant en permanence ces deux champs des possibles tout au long de son film, le réalisateur questionne la notion de fatalité où le hasard n’aurait pas sa place. Sur sa route, l’héroïne de Princess de Tali Shalom-Ezer rencontre son double masculin par qui elle est irrémédiablement fascinée : deux âmes qui se comprennent et s’unissent dans une androgynie envoutante. Trouble, l’identité peut aussi être un masque, un leurre. C’est l’expérience à laquelle nous confronte Sophie Deraspe avec Le Profil Amina où, partant d’une relation amoureuse virtuelle entre une lesbienne activiste canadienne et une blogueuse syrienne, la documentariste lève le voile sur un jeu de manipulation sordide basée sur le mensonge.
Dernier fil rose cette année, la notion de fragilité pourrait couvrir l’ensemble de notre programmation. Aussi il nous est apparu essentiel de souligner, à travers le thème porté par la Zinneke Parade, la délicatesse de précieux premiers films qui nous permettent de déplacer notre regard sur les situations mises en scène en nous fondant au ressenti de leurs protagonistes. Margarita, With a Straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar nous emporte ainsi, au fil de la sensibilité de Laila, au-delà de son hadicap, dans le plaisir de la sexualité et des expériences. La visita de Mauricio Lopez Fernández nous plonge dans l’atmosphère ultra-conservatrice et silencieuse d’une propriété chilienne dont les habitants sont bousculés par le retour du fils devenu fille. Enfin avec Beira-Mar de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon nous partageons les angoisses et l’émoi des premières amours lorsque l’on se sent différent. Ce focus Fragil est le fruit d’un partenariat avec Zinneke asbl, dans la prolongation de son Expo Fragil.