Quand il ne travaille pas à l’usine, Lalo est un sex-influenceur argentin qui se met en scène nu pour ses milliers de followers. Suite à un casting, il devient acteur porno en jouant Emiliano Zapata dans un film inspiré de la révolution mexicaine. Pornomelancolía est un concentré de porno (implicite) et de mélancolie (explicite), d’abord dissociés puis combinés à mesure de la donnée répétitive de son dispositif de « serial fucker ». Et bien que Lalo ne soit pas un travailleur immigré (comme le Ali de Fassbinder), naît dans Pornomelancolía une sensation similaire d’exil intérieur, son isolement le laissant étranger au monde alentour et à lui-même, du fait de son appartenance à un prolétariat parallèle, travailleur du sexe, gay, médiatisé qui plus est par le virtuel, le plongeant dans des humeurs sombres. L’originalité de Pornomelancolía réside dans l’indétermination où l’on se trouve de savoir ce qui appartient à la réalité ou à la fiction, de par la façon dont Abramovich aspire tout de la vie et du travail de Lalo, vampirisant jusqu'à sa présence au monde.